Timbuktu Institute

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Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Au Mali, l’actualité du mois d’octobre est marquée par la montée en grade du Colonel Assimi Goïta suite à une décision prise en conseil des ministres le 16 octobre 2024. Élevé au rang de Général d’armée cinq étoiles, il devient le plus haut gradé du pays après Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré qui ont tous accédé au pouvoir par coups d’État. Durant cette cérémonie de consécration, le Général Assimi Goïta a également élevé au rang de général de corps d’armée les cinq officiers qui ont participé au renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020 et, dans la foulée, le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga au rang de général de division. Malgré la question sur sa probable participation à la prochaine présidentielle sur laquelle il ne s’est toujours pas prononcé malgré la proposition de ses soutiens dans les recommandations à l’issue des journées de consultation initiées par le pouvoir, le Président malien de la transition a tenu à faire une parade en pick-up au grand bonheur de ses sympathisants sortis nombreux pour l’acclamer.

Les opposants du régime du désormais Général Assimi Goïta, dénoncent une auto-élévation de la part du président de la transition et de ses lieutenants. C’est ce que dénonce l’ancien Premier ministre sous IBK, Moussa Mara qui se prononce désormais de façon discrète, parfois anonyme pour éviter la répression. « Je suis doublement peiné. La première peine, c’est que les traditions maliennes font qu’on ne s’élève pas soi-même, ce sont les autres qui nous élèvent. Le fait de se gratifier, cela diminue grandement le mérite de la gratification », a-t-il affirmé.

L’ère de la nationalisation semble être une réalité même dans le domaine des télécommunications au Mali. Alors que le Gouvernement Malien réclame 165 milliards de francs CFA à la SOTELMA, celle-ci lui réclame à son tour de l’argent. Dans cette confrontation, la société qui constitue avec Orange, les deux plus grands opérateurs de téléphonie au Mali, risque de se faire retirer sa licence qui expire cette année. Pour rappel, le ministre Malien Alousseni Sanou a catégoriquement refusé la compensation proposée par SOTELMA au motif qu’il s’agirait de « charges de natures différentes dont les montants ne sont pas encore validés. » Après avoir révélé au grand public le nouveau code minier en 2023, le gouvernement de transition malien fait face à toute compagnie minière présente dans le pays pour un respect strict dudit code. Résultat : trois producteurs d’or actifs au Mali que sontAllied Gold, B2Gold et Robex ont pris la décision de faire passer leurs opérations dans le strict respect du nouveau code minier

Au Mali, comme dans les deux autres pays membres de l’AES, les attaques meurtrières n’arrêtent pas de se multiplier malgré les initiatives de l’organisation, malgré la collaboration entre les militaires et les mercenaires russes du groupe Wagner. En effet, après les attaques du JNIM en septembre à Bamako et les affrontements entre l’armée malienne et les mercenaires de Wagner contre les rebelles indépendantistes du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), les relations entre les FAMA et les la Russie semblent se détériorer.

Après la reprise de Kidal en Novembre 2023, les forces armées maliennes poursuivent leur reconquête du territoire national qui est l’une des priorités du gouvernement de transition depuis 2020. En effet, les affrontements d’une grande envergure en juillet entre les militaires maliens et leurs alliés russes contre les séparatistes du Nord, auraient fait beaucoup de victimes tant du côté de l’armée malienne que du côté des séparatistes situés à Tinzawaten au niveau de la frontière avec l’Algérie. « Les combattants de l'Azawad contrôlent la situation à Tinzaouatene et plus au sud dans la région de Kidal. Les mercenaires russes et les Forces armées maliennes (Famas) ont fui. D'autres se sont rendus », a annoncé à l'AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane qui est le porte-parole du CSP-DPA. Alors que les séparatistes parlaient d’un hélicoptère de l’armée malienne touché et qui se serait écrasé au sol, les militaires maliens parleraient d’un « atterrissage d’urgence » de l’hélicoptère. Lorsque l’AFP annonce : « Les gens du CSP sont toujours à Tinzaouatene. L'armée et Wagner n'y sont plus », était-ce pour annoncer un échec de l’armée malienne ? Le cas contraire, l’on pourrait se demander à quelle titre l’armée malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner ont mené une opération offensive qualifiée de « Vengeance » par Jeune Afrique ? Pour sa défense, l’armée malienne aurait mené cette opération en octobre 2024 dans l’optique de récupérer les corps des soldats tombés lors des derniers affrontements. C’est à se demander si la collaboration entre l’armée malienne et le groupe Wagner est favorable à la stratégie de récupération du territoire par le gouvernement de transition au Mali 

Certains évoquent même les prémices d’une rupture de la collaboration. Et pour cause, certains hauts-gradés de l’armée malienne se seraient plaint du comportement des mercenaires russes qui, dans les boucles de Telegram, parleraient d’un « manque de professionnalisme » des militaires maliens. Selon Mathieu Olivier dans décryptage en vidéo, « Depuis l’arrivée de Wagner, il y a toujours eu une forme de mépris de la part des mercenaires russes envers l’armée malienne. Ils sont arrivés dans une position de sauveurs et, donc, ils n’avaient pas une très bonne image de l’armée malienne ». À en croire M. Olivier, les deux alliés ne seraient pas partis sur un mauvais départ. Pendant qu’on parle de rupture entre le Mali et le groupe Wagner, le Président sénégalais qui a été désigné par la CEDEAO facilitateur de ses relations avec l’AES a confié cette tâche à son envoyé spécial Abdoulaye Bathily qui s’est d’abord rendu au Burkina Faso, puis au Mali pour leur témoigner de toute la solidarité du Sénégal quant aux nombreuses attaques terroristes auxquelles les pays de l’AES font face.

Tandis que la demande de mise en liberté provisoire d’Étienne Fakaba Cissoko accordée par le juge lui a été refusé par le parquetdu fait de la gravité des faits dont il est accusé, l’une des voix crique du pouvoir voit sa santé se dégrader du fait des difficiles conditions de sa détention. Pour rappel, il a été accusé d’« atteinte au crédit de l’État », « injures » et « diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique ».

En plus des nombreux défis que le Mali doit relever, le pays fait face à des inondations aux bord du fleuve à Bamako et surtout à Gao dans le Nord qui affectent l’agriculture avec des champs submergés, mais qui risquent de retarder la rentrée des classes déjà reportée au 04 novembre 2024 avec près de 400 écoles inondées ou endommagées. Il semble difficile de trouver des espaces d’accueil pour tous les sinistrés dans un pays qui compte au moins 330 000 déplacés. Le Bilan est passé à 84 morts avec des prévisions inquiétantes de la météo.

Source : Sahel weather October 2024 

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Following the dissolution of the National Assembly by Senegalese President Bassirou Diomaye Faye and the announcement of early parliamentary elections to be held on November 17, 2024, the election campaign was officially launched on Sunday October 27 at 00:00 and ran until November 15. In all, forty-one lists of coalitions and political parties competed for 165 seats in the National Assembly, with the crucial issue at stake for the ruling party. “I am dissolving the National Assembly to ask the sovereign people for the institutional means that will enable me to give substance to the systemic transformation I have promised them”, declared the Senegalese President. The coalitions and political parties each set off on their campaigns with a well-defined itinerary. Four alliances in particular were set to compete for control of the National Assembly. Prime Minister Ousmane Sonko, leader of the Pastef les Patriotes party and head of the list, had to contend with other coalitions before triumphing at the end of these elections by winning the maximum number of seats in the National Assembly. Pastef's decision to stand alone in the elections was a political ploy by Ousmane Sonko to test his popularity with the Senegalese people, especially as this election campaign was, for him, fundamental to the future of the Pastef “Project”. Among the opposition coalitions, the “Sam sa Kaddu” coalition stood out as the one that attracted the most attention and was seen as being able to tip the balance despite its results falling far short of its leaders' expectations. It was made up of Anta Babacar Ngom, Pape Djibril Fall and Khalifa Sall, all of whom were presidential candidates backed by the Parti d'Unité, de Rassemblement (PUR), Taxawu Sénégal, and Bougane Gueye's Gëm Sa Bopp, an emerging leader. The latter was arrested and given aone-month suspended prison sentence for having tried to break through the gendarmerie roadblock and travel to Bakel to support flood victims. As a reminder, the south-east of the country, in particular Bakel and Kidira, was placed under orange alert, with thousands of people displaced by flooding due to the overflowing of the Senegal River and the Falémé, one of its main tributaries.

Meanwhile, Amadou Bâ, Macky Sall's former Prime Minister, was at the helm of the Jam ak NJariñ coalition, supported by Aminata Mbengue Ndiaye of the Socialist Party. The Liberals were in the Tàkku Wàttu Sénégal coalition without Idrissa Seck, but with Abdoulaye Wade and Macky Sall. This raises the question of whether the hatchet has been definitively buried between Karim Wade's PDS and Macky Sall. As head of the Takku wallu Sénégal list, Macky Sall signed his return to the political scene at a time when the question of his almost improbable trial before the High Court of Justice is being raised by certain Pastef militants: "We have the means to make him pay; we're going to make him pay!He's done some extremely serious things, and they're there. The documentation is there. The people he dealt with are there. The people he may have sacrificed are there; and these are the people who will testify against him, these are the people who will produce conclusive documents against him!”, threatened the CEO of the Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keita.

The provisional results of the legislative elections, which are currently uncontested, put Ousmane Sonko's Pastef well ahead, with the prospect of an overwhelming majority with no real counterweight in the Hemicycle. The new regime thus has all the cards in its hand to govern and roll out the vision 2050 presented a few days before the official opening of the campaign.

Sonko-Diomaye: a duo threatened by duality? Between fantasy and political reality

The question observers are asking is whether the breakaway scenario advocated by Bassirou Diomaye Faye's regime is realistic. Indeed, the Vision Sénégal 2050 project was presented by the President of the Republic Bassirou Diomaye Faye and his Prime Minister Ousmane Sonko on October 14, 2024 at the Abdou Diouf International Conference Center in Diamniadio. To paraphrase the authorities, this ambitious project symbolizes a rooted youth that is looking to the future with greater serenity. Doubts about the realism of the “rupture” can be put to rest by the renegotiation of oil and gas contractswith multinationals, begun at the start of the second half of the year by the President of the Republic, who has set up a strategic contract review committee made up of senior Senegalese government officials. Meanwhile, the $1.8 billionloan that Senegal agreed with the IMF in June 2024 has apparently still not been cashed in, and this could hamper the Vision Sénégal 2050 project. All the more so as an American rating agency has placed Senegal under watch after the audit of Senegalese public finances presented at a press conference by Prime Minister Ousmane Sonko and Economy Minister Abdourahmane Sarr, who reportedly described a worrying situation in Senegal's finances attributable to the former regime led by Macky Sall.

In addition, Senegal remains more than ever confronted with the phenomenon of irregular emigration. On October 21, a pirogue carrying 150 migrants reportedly disappeared in the Atlantic. Despite the support of exile aid associations, the boat had been missing for at least 10 days.

 

 

 

Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Après la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et l’annonce des élections législatives anticipées qui se sont déroulées le 17 novembre 2024, la campagne électorale a été officiellement lancée le dimanche 27 octobre à 00h et s’est poursuivie jusqu’au 15 novembre. Au total, quarante et une listes de coalitions et partis politiques se sont disputé 165 sièges à l’Assemblée nationale avec un enjeu crucial pour le parti au pouvoir. « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise », avait déclaré le Président Sénégalais. Les coalitions et partis politiques ont respectivement démarré leur campagne avec un itinéraire bien défini. Des alliances dont on peut retenir spécialement quatre, devaient s’affronter pour le contrôle de l’Assemblée nationale. Le Premier ministre Ousmane Sonko, chef du parti Pastef les Patriotes et tête de liste, devait faire face à d’autres coalitions avant de triompher à l'issue de ces élections en remportant le maximum de sièges à l’Assemblée nationale. La décision du Pastef de se présenter seul aux élections était une trouvaille politique d’Ousmane Sonko pour tester sa popularité auprès des Sénégalais, d’autant plus que cette campagne électorale était, pour lui, fondamentale pour l’avenir du « Projet » du Pastef. Parmi les coalitions de l’opposition, la coalition « Sam sa Kaddu » se distinguait comme celle qui aura attiré le plus l’attention et qui était vue comme pouvant faire pencher la balance malgré ses résultats finalement loin des attentes de ses leaders. Elle était constituée d’Anta Babacar Ngom, Pape Djibril Fall et Khalifa Sall qui étaient candidats à l’élection présidentielle, avec le soutien du Parti d’Unité, de Rassemblement (PUR), de Taxawu Sénégal, et de Gëm Sa Bopp de Bougane Gueye, un leader émergent. Ce dernier avait d’ailleurs fait l’objet d’une arrestation et a écopé d’une condamnation d’un mois d’emprisonnement d’un mois avec sursis pour avoir voulu forcer le barrage des gendarmes et se rendre à Bakel pour soutenir les sinistrés des inondations. Pour rappel, le sud-est du pays, notamment Bakel et Kidira, était placé en vigilance orange avec des milliers de populations déplacées à cause des inondations dues au débordement du fleuve Sénégal et de la Falémé, un de ses principaux affluents.

Pendant ce temps, Amadou Bâ, l’ancien Premier ministre de Macky Sall était aux commandes de la coalition Jam ak NJariñ avec le soutien de Aminata Mbengue Ndiaye du Parti socialiste. Les Libéraux se retrouvaient dans la coalition Tàkku Wàttu Sénégal sans Idrissa Seck mais avec Abdoulaye Wade et Macky Sall. À se demander si la hache de guerre ne serait pas définitivement enterrée entre le PDS de Karim Wade et Macky Sall ? En tant que tête de liste de Takku wallu Sénégal, Macky Sall signait ainsi son retour sur la scène politique alors que la question de son presqu’improbable jugement devant la Haute Cour de Justice est agitée par certains militants de Pastef. « On a les moyens de lui faire payer ; on va lui faire payer ! Il a fait des choses extrêmement graves, qui sont là. La documentation est là. Les personnes avec lesquelles il dealait sont là. Les gens qu’il a pu sacrifier sont là ; et ce sont des gens qui vont témoigner contre lui, ce sont des gens qui vont sortir des documents probants contre lui ! », menaçait le DG de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keita.

Les résultats provisoires des élections législatives ne souffrant pour l’heure d’aucune contestation placent le Pastef d’Ousmane Sonko largement en tête avec, en perspective, une majorité écrasante sans véritable contrepoids au sein de l’Hémicycle. Le nouveau régime dispose ainsi de toutes les cartes en main pour gouverner et dérouler la vision 2050 présentée quelques jours avant l’ouverture officielle de la campagne.

Sonko- Diomaye : Un duo menacé par la dualité ? Entre fantasmes et réalité politique

La question que les observateurs se posent est celle de savoir si le scénario de rupture que prône le régime de Bassirou Diomaye Faye est réaliste. En effet, le projet Vision Sénégal 2050  a été présenté par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko le 14 octobre 2024 au centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. Un projet ambitieux symbolisant une jeunesse enracinée qui envisage de manière plus sereine l’avenir, pour paraphraser les propos des autorités. Le doute sur le réalisme de la « rupture » peut être endigué par la renégociation des contrats pétroliers et gaziersavec les multinationales, entamée depuis le début du second semestre par le Président de la République qui, à cet effet, a mis en place un comité d’examens des contrats stratégiques composé de hauts cadres de l’administration sénégalaise. Pendant ce temps, le prêt de 1,8 milliards de dollars que le Sénégal avait validé avec le FMI depuis juin 2024 n’a apparemment toujours pas été encaissé et cela pourrait entraver le projet Vision Sénégal 2050. D’autant plus qu’une agence de notation américaine a classé le Sénégal sous surveillance après l’audit des finances publiques sénégalaises présenté en conférence de presse par le Premier ministre Ousmane Sonko et le Ministre de l’économie Abdourahmane Sarr qui auraient décrit une situation inquiétante des finances du Sénégal imputable à l’ancien régime dirigé par Macky Sall.

En outre, le Sénégal reste plus que jamais confronté au phénomène de l’émigration irrégulière. En effet, le 21 octobre, une pirogue transportant 150 migrants aurait disparu dans l’atlantique. Malgré le soutien d’associations d’aides aux exilés, le bateau était introuvable depuis au moins 10 jours.

 

 

Timbuktu Institute - November 2024

 

The Nigerian army, through its Chief of Staff, General Oluyede, has declared that it is facing a new armed movement called Lukurawa. The movement, which has its roots in the north-west of the country and is described as “highly equipped”, has already carried out incursions into the states of Sokoto and Kebbi, bordering neighboring Niger. In fact, as part of the strategy to combat this group, the Army Chief of Staff this week visited the localities of Illela and Tangaza, border towns with Niger, from which the new group has been operating for some time.

The Lakurawa group is described as a terrorist organization that reported in the local governments of Gudu and Tangaza in Sokoto from across the border in the Republic of Niger around October 2018, with around 200 jihadists. With, for the time being total vagueness over the leadership of the movement, they are believed to be affiliated to Al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM) although there is no explicit claim. After much cross-checking, the Lakurawa group's name is probably a Hausa adaptation of the French word for “recruits”, according to some north-westerners.

 Ideological background?

According to the perception of Muslim communities in northern Nigeria, Lukurawa adheres to extremist ideologies akin to the “Khawârij”, expressing the idea of dissidence from the politico-religious order. Ideologically, this perception refers to the revolts and dissidences following the battle of Siffîn (657 AD), when a sort of “third way” emerged, giving rise to a sect that subsequently claimed to be neither mainstream Sunnism nor Shi'ism. Care should be taken with this “Khawârij” label, which is also sometimes subjectively applied to any movement opposing the dominant political order in various countries.

Indeed, six years ago, the inhabitants of certain regions of Sokoto State raised concerns about the suspicious activities of a group of herdsmen from Mali and Niger, who were operating in the surrounding forests. Lakurawa is said to be affiliated with jihadists in the Sahel, with some media reporting a link between the group and the Islamic State (Daesh), and some analysts suggesting, without evidence, ramifications as far afield as Mali.

Recruitment and anchoring strategy

A persistent controversy has arisen over the possibilities of anchoring or even connivance between Lukurawa's elements and local populations, in a context of suspicion over the role of local governments and certain communities in the North-West. Testimonies point to the systematic use of local languages in preaching. In addition, the group is beginning to impose rules and taxes on the communities under their influence, under the pretext of providing protection services to these populations in the fight against other armed or terrorist groups operating in the territory. The first elements of Lakurawa identified by sources numbered less than 50 members.

The group currently numbers between 200 and 300 members, men aged between 18 and 35 from Mali, Chad, Libya, Niger and Burkina Faso. The group has also launched a local recruitment process among young people in the Sokoto region, using financial incentives of up to 1 million Naira to attract them, in addition to ideological influence.

First assaults reported

On November 8, 2024, Lakurawa launched its first assault in Kebbi state, north-west Nigeria, in the Augie government zone, against civilian populations in an attempt to seize their cattle. The population seems to have resisted, leading to clashes in which several people were killed. These clashes between Lakurawa and members of the local community resulted in at least 15 deaths, with casualties among the ranks of the jihadist entity.

Sign of the failure of the fight against terrorist groups?

The emergence and development of this new group highlights the deficits in security management in Nigeria, as well as the responses of government and partners in the fight against violent extremism, particularly in rural and border areas. They also highlight local populations' loss of confidence in the State's ability to protect their lives and property. Among security experts and even within the army, a heated debate is already being raised about the fact that a movement can have been operating for at least six years in this part of Nigeria without its abuses being duly combated or publicized. This debate is taking place at a time when the finger is being pointed at local governments, as well as at the denounced “failings” of the intelligence services.

 

 

Timbuktu Institute  – Novembre 2024 

C'est l'armée Nigériane, par la voix de son Chef d'État-Major, le Général Oluyede, qui a déclaré faire face à un nouveau mouvement armé, nommé  Lukurawa . Le mouvement qui prend racine dans le Nord-Ouest du pays et décrit comme « très équipé » a déjà mené des incursions dans les États de Sokoto et de Kebbi, frontaliers du Niger voisin. D'ailleurs, dans le cadre de la stratégie pour lutter contre ce groupe, le chef d'État-major de l'armée de terre a visité cette semaine les localités d'Illela et Tangaza, villes frontalières avec le Niger à partir desquelles le nouveau groupe fonctionne depuis quelque temps.

Le groupe Lakurawa est décrit comme une organisation terroriste qui s'est signalée dans les gouvernements locaux de Gudu et de Tangaza à Sokoto depuis l'autre côté de la frontière en République du Niger vers octobre 2018, avec environ 200 djihadistes. Avec, pour l'heure un flou total sur le leadership du mouvement, on pense qu'ils sont affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) bien qu'il n'y ait pas de revendication explicite. Après plusieurs récupérations, le nom du groupe Lakurawa est, probablement, une adaptation en haoussa du terme français « les recrues », selon certains habitants du Nord-Ouest.

Arrière-plan idéologique ?

D'après la perception des communautés musulmanes du Nord du Nigeria, Lukurawa adhérerait à des idéologies extrémistes se rapprochant des « Khawârij » exprimant l'idée d'une dissidence par rapport à l'ordre politico-religieux. Cette perception fait, idéologiquement référence aux révoltes et dissidences consécutives à la bataille de Siffîn (657 ap.JC) lors de laquelle une sorte de « troisième voie » s'était dessinée pour donner naissance à une secte ne se réclamant, par la suite, ni du sunnisme dominant ni du chiisme. Il devrait être prudent sur cette qualification de « Khawârij » qui est aussi, parfois, subjectivement collée à tout mouvement s'opposant à l'ordre politique dominant dans différents pays.

En effet, il y a  six ans , les habitants de certaines régions de l'État de Sokoto avaient suscité des inquiétudes au sujet d'activités suspectes d'un groupe de bergers venus du Mali et du Niger, qui opéraient dans les forêts environnantes. .  Lakurawa  serait affilié aux djihadistes du Sahel et certains médias font état d'un rapprochement entre le groupe et l'État islamique (Daesh) et certains analystes évoquent, sans données probantes, des ramifications jusqu'au Mali.

Stratégie de recrutement et d'ancrage

Une polémique persistante est née sur les possibilités d'ancrage voire de connivence entre les éléments de Lukurawa et les populations locales dans un contexte de suspicion sur le rôle des gouvernements locaux et de certaines communautés du Nord-Ouest. Des témoignages font état d'un usage systématique des langues locales dans les prédications. Par ailleurs, le groupe commence à imposer des règles et des taxes aux communautés sous leur influence, prétextant des services de protection accordés à ces populations face à la lutte contre d'autres groupes armés ou terroristes opérant sur le territoire. Les premiers éléments de Lakurawa identifiés par les sources faisaient état de moins de 50 membres.

Présentement le groupe compte entre 200 à 300 membres, des hommes âgés entre 18 et 35 ans originaires du Mali, du Tchad, de la Libye, du Niger et du Burkina Faso. Le groupe a également lancé un processus de recrutement local parmi les jeunes de la région de Sokoto en utilisant des moyens financiers incitatifs, jusqu'à  1 million de Naira  pour les attirer en plus de l'influence idéologique.  

Premiers assauts signalés

Ce 8 novembre 2024, Lakurawa a lancé son premier assaut dans l'État de Kebbi, nord-ouest du Nigéria, dans la zone gouvernementale d'Augie, contre des populations civiles en tentant de saisir leurs bétails. Les populations semblent avoir résisté, ce qui a entraîné des accrochaghes faisant plusieurs morts. Ces affrontements entre Lakurawa et les membres de la communauté locale ont fait, au moins 15 morts avec des victimes dans les rangs de l'entité djihadiste.

Signe de l'échec de la lutte contre les groupes terroristes  ?

L'émergence et le développement de ce nouveau groupe mettent en évidence les déficits de la gestion sécuritaire au Nigéria de même que les réponses du gouvernement et des partenaires dans la lutte contre l'extrémisme violent, notamment dans les zones rurales et frontales. Ils mettent également en exergue la perte de confiance des populations locales dans la capacité de l'État à protéger la vie des populations ainsi que leurs biens. Au sein des experts de la sécurité et même de l'armée, un débat houeux est déjà soulevé sur le fait qu'un mouvement puisse opérer depuis, au moins, six ans dans cette partie du Nigeria sans que ses exactions soient dûment combattues ou rendues publiques. Ce débat s'installe au moment où les gouvernements locaux sont pointés du doigt de même que des « dysfonctionnements » dénoncés des services de renseignement.

Source : Sahel weather September 2024 

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The attack on Senegalese activist Guy Marius Sagna in Togo has provoked an avalanche of reactions from West African civil society. An activist and member of parliament in Senegal (of the recently dissolved Senegalese parliament) and of the ECOWAS parliament, his trip was part of the third extraordinary session of the regional parliament's Commission, before responding to an invitation from Togo's political opposition. Following the attack on a Senegalese national, a member of the parliament of the Community of West African States, the Senegalese Ministry of African Integration and Foreign Affairs issued a press release expressing its “dismay and demanding an immediate investigation into this unspeakable act ”. It has to be said that opinion in Senegal has remained divided over the actions of MP Sagna, who is considered by some to be more of a “provocative” activist than a parliamentarian in some of his actions. Before Senegal, the Beninese courts had also ruled on the case of the activist who was kidnapped and held captive before being handed over to the Togolese police authorities.

For some human rights activists, the attack on the Senegalese political activist in Togo calls into question the state of democracy and political freedoms in the country, at a time when the regime is hardening and putting pressure on the opposition. The public meeting was organized by the Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), an opposition platform. The Togolese opposition is at loggerheads with the government over the political reforms being undertaken to establish the Fifth Republic. While the Council of Ministers has adopted a draft ordinance amending the Electoral Code in the context of the adoption of the new Constitution, the opposition is denouncing a lack of dialogue, even though the government claims to have relied on discussions within the Cadre Permanent de Concertation (CPC) to introduce the amendment to the electoral law. Togo's political class remains very fractured on the issues of constitutional and institutional reform, making for a sensitive political context.

Source : Météo Sahel Septembre 2024

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L’agression de l'activiste sénégalais Guy Marius Sagna au Togo a provoqué une avalanche de réactions au sein des sociétés civiles ouest africaines. Activiste et député au Sénégal (du parlement sénégalais récemment dissous) et au parlement de la CEDEAO, son déplacement s’inscrivait dans le cadre de la troisième session extraordinaire de la Commission du parlement régional, avant d’aller répondre à une invitation de l’opposition politique togolaise. A la suite de l’agression d’un ressortissant sénégalais, député au parlement de la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest, le Ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des affaires étrangères a réagi par le biais d’un communiqué exprimant sa « consternation et exige l’ouverture d’une enquête immédiate sur cet acte inqualifiable ». Il faut dire qu’au Sénégal, l’opinion est restée divisée sur les agissements du député Sagna plus considéré par certains comme un activiste « provocateur » qu’un parlementaire dans certains de ses agissements. Avant le Sénégal, la justice béninoise s’était aussi prononcée sur l’affaire de l’activiste enlevé et séquestré avant d’être livré aux autorités policières du Togo

Pour certains défenseurs des droits de l’homme, l’agression de l’activiste politique sénégalais au Togo interpelle sur l’état de la démocratie et des libertés politiques dans le pays, au moment où le régime se durcit et met la pression sur l’opposition. Pour rappel, cette réunion publique a été organisée par la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), une plateforme de l’opposition. D’ailleurs, l’opposition togolaise est à couteaux tirés avec le gouvernement sur les réformes politiques amorcées, pour l’instauration de la cinquième République. Alors que le Conseil des ministres a adopté un projet d’ordonnance portant modification du Code électoral dans le contexte de l’adoption de la nouvelle Constitution, l’opposition dénonce un manque de dialogue, même si le pouvoir soutient s’être appuyé sur les discussions au sein du Cadre Permanent de Concertation (CPC) pour introduire la modification de la loi électorale. La classe politique togolaise reste très fracturée sur les questions de réformes constitutionnelle et institutionnelle, ce qui rend le contexte politique sensible.  

Source : Sahel weather September 2024 

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Chad is on the brink of numerous diplomatic deals. Visiting Beijing for the 2024 Summit of the Forum on China-Africa Cooperation (FOCAC), Chadian President Mahamat Idriss Déby met with Chinese President Xi Ping. It emerged from their discussions that relations between China and Chad are now a strategic partnership.

In the same vein, Chadian Head of State Mahamat Idriss Déby paid a visit to Hungary, to meet Prime Minister Viktor Orban. The reason: Budapest's intention to send two hundred soldiers to Chad in the near future. While the collaboration may seem surprising, given the lack of historical ties between Hungary and Africa, for Orban, “ Chad is a key country in the fight against immigration ” and terrorism. In 2023, Hungary intensified its relations with Chad. In this context, reports Le Monde, it has opened a humanitarian aid center and a diplomatic representation, in addition to signing agreements in agriculture and education. According to Jeune Afrique, Mahamat Idriss Déby Itno is due to visit France on October 4 and 5 to take part in the Summit of the Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), and may also meet the King of Morocco, Mohammed VI, as well as the President of Cameroon, Paul Biya.

At the same time, several media outlets reported the redeployment of American troops on Chadian soil. The authorities were quick to refute the information. “ The government categorically denies the information relayed by certain media, reporting an alleged agreement allowing the return of American special forces to Chad ”, says a press release signed by government spokesman Abderaman Koullamalah. As a reminder, the American troops packed their bags at N'Djamena's request, in April 2024.

In addition, the catastrophic humanitarian crisis currently underway in neighboring Sudan could have an even greater impact on Chad. According to the Office of the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) in Chad, the number of refugees and returnees could reach 910,000 by the end of 2024. At the plenary session of the Sommet de l'Avenir, a prelude to the 79th session of the United Nations General Assembly, Chad's Prime Minister Allah Maye Halina urged greater international cooperation in the face of the security crisis affecting the Sahel in particular and Africa in general. “ The impacts of climate change are not theoretical for us, they are a daily reality. (...) The Sahel is today at the crossroads of climate, security and economic issues, and this requires a concerted and inclusive response from the international community ”, he declared. In response to the floods that recently affected the Sahel, the European Union (EU) announced the mobilization of 5.4 million euros in support of the six countries most affected, namely Mali, Niger, Burkina-Faso, Cameroon, Nigeria and Chad. A latest report from the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (Ocha) in Chad put the death toll at 503, with over 1.7 million people affected.

Internally, the disappearance of the secretary general of the Parti Socialiste sans Frontières (PSF), Robert Gam, has highlighted the accusations of authoritarianism to which Déby's regime is often subjected. According to the opposition party, this “kidnapping” is part of a pattern of “harassment and intimidation” of which Robert Gam has been a particular victim since the death of opponent Yaya Dillo, killed two months before the May 6, 2024 presidential election. “ We fear that our comrade Gam will not be found alive, or that his freedom will not be restored immediately. (...) We want the authorities to assume their responsibilities ”, warned Néatobeye Bidi Valentin, national president of the PAP/JS party, a member of GCAP (Groupe de concertation des acteurs politiques).

Source : Météo Sahel Septembre 2024

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Le Tchad est à l’abordage de moult tractations diplomatiques. En visite à Pékin à l’occasion du Sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), le président tchadien Mahamat Idriss Déby, a rencontré le président chinois Xi Ping. De leurs échanges, est en l’occurrence ressorti que les relations entre la Chine et le Tchad, sont dorénavant de l’ordre du partenariat stratégique.

Dans la même optique, le chef de l’État tchadien Mahamat Idriss Déby a effectué une visite en Hongrie, pour rencontrer le premier ministre Viktor Orban. Pour cause : la volonté de Budapest d’envoyer prochainement deux cents soldats au Tchad. Si la collaboration peut paraître surprenante, au vu du peu de relations historiques entre la Hongrie et l’Afrique, pour Orban, « le Tchad est un pays-clé dans la lutte contre l’immigration » et contre le terrorisme. Il faut dire que la Hongrie a pendant l’année 2023, intensifié ses relations avec le Tchad. C’est dans ce sillage, rapporte Le Monde, qu’elle a ouvert un centre d’aide humanitaire et une représentation diplomatique, en plus d’avoir signé des accords dans l’agriculture ou l’éducation. Attendu en France les 4 et 5 octobre prochains pour prendre part au Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Mahamat Idriss Déby Itno pourrait également à en croire Jeune Afrique, rencontrer le Roi du Maroc, Mohammed VI, mais aussi le Président camerounais Paul Biya.

Parallèlement, plusieurs médias ont annoncé le redéploiement de troupes américaines sur le sol tchadien. Les autorités se sont empressées de réfuter l’information. « Le gouvernement dément catégoriquement les informations relayées par certains médias, faisant état d’un prétendu accord permettant le retour des forces spéciales américaines au Tchad », renseigne un communiqué signé par Abderaman Koullamalah, porte-parole du gouvernement. Pour rappel, les troupes américaines ont plié bagages à la demande de N’Djamena, en avril 2024.

Par ailleurs, la catastrophique crise humanitaire actuellement en cours au Soudan frontalier, pourrait encore plus impacter le Tchad. Selon le bureau du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) du Tchad, le nombre de réfugiés et de retournés, pourrait atteindre les 910 000 personnes d’ici la fin de l’année 2024. Lors de la session plénière du Sommet de l’Avenir, en prélude à la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le premier ministre tchadien, Allah Maye Halina a exhorté à un renforcement de la coopération internationale, face à la crise sécuritaire touchant le Sahel en particulier et l’Afrique en général. « Les impacts des changements climatiques ne sont pas théoriques pour nous, ils sont une réalité quotidienne. (…) Le Sahel est aujourd’hui au carrefour des enjeux climatiques, sécuritaires et économiques, et cela exige une réponse concertée et inclusive de la part de la communauté internationale », a-t-il déclaré. En réponse aux inondations qui ont récemment affecté le Sahel, l’Union européenne (UE) a annoncé la mobilisation de 5,4 millions d’euros en soutien aux six pays les plus affectés à savoir le Mali, le Niger, le Burkina-Faso, le Cameroun, le Nigéria et le Tchad. Un dernier bilan du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) au Tchad, a fait état de 503 morts pour plus de 1,7 million de personnes affectées.

En interne, la disparition du secrétaire général du Parti Socialiste sans Frontières (PSF), Robert Gam, a remis en lumière les accusations d’autoritarisme dont le régime de Déby fait souvent l’objet. Selon le parti de l’opposition, il s’agit d’un « enlèvement » qui s’inscrit dans une logique de « harcèlement et d’intimidations » dont est particulièrement victime Robert Gam depuis la mort de l’opposant Yaya Dillo, tué deux mois avant la présidentielle du 6 mai 2024. « Nous craignons que notre camarade Gam ne soit pas retrouvé vivant ou bien qu’on ne lui rende pas sa liberté immédiatement. (…) Nous voulons que les autorités assument leurs responsabilités », a alerté, pour sa part, Néatobeye Bidi Valentin, président national du parti PAP/JS, membre du GCAP (Groupe de concertation des acteurs politiques.)