Timbuktu Institute

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Au Sénégal, le débat sur la fermeture des lieux de culte pour endiguer la propagation de l’épidémie de coronavirus interroge sur l’autorité de l’État laïque face au pouvoir religieux.

Fermeture des mosquées bravée à Dakar, maintien de la prière à Touba, en présence du secrétaire général de la présidence, Mahammed Boun Abdallah Dionne, malgré l’interdiction des rassemblements sur l’ensemble du territoire, désaccords entre les associations d’imams… Au Sénégal, la fermeture des mosquées pour endiguer l’épidémie de coronavirus suscite un vif débat.

Du moins jusqu’au 24 mars, date à laquelle le khalife général des mourides, l’une des plus influentes confréries du pays, a appelé ses nombreux fidèles à prier chez eux. Si la décision de fermer les mosquées a été prise moins de 24 heures après la proclamation de « l’état d’urgence » par le président Macky Sall, cette indépendance interroge sur l’autorité des États laïques face au pouvoir religieux en période de crise.

Pour Jeune Afrique, Bakary Sambe, enseignant-chercheur au Centre d’études des religions de l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis et spécialiste des questions religieuses, décrypte les mécanismes de cette double autorité.

Jeune Afrique : Si l’État sénégalais a très tôt appelé les chefs religieux à l’accompagner dans la lutte contre le coronavirus, il n’a pas explicitement ordonné la fermeture des mosquées, laissant cette décision aux confréries. N’est-ce pas une façon, pour l’État, de fuir ses responsabilités face au pouvoir religieux ?

Bakary Sambe : Je parlerais plutôt d’un refuge dans l’implicite de la part du chef de l’État. En interdisant les rassemblements mais en ne fermant pas les mosquées, il a laissé une marge de manœuvre à l’administration territoriale, qui a pris des décisions au cas par cas, comme ce fut le cas lorsque le préfet de Dakar a ordonné la fermeture des mosquées [le 19 mars, ndlr].

Dans ses discours, Macky Sall a joué sur les nuances d’une langue, le français, que la majorité de la population ne comprend pas. Et il a été encore plus nuancé dans leur version en wolof. C’est une manière d’éviter une prise de position trop exposée de l’autorité centrale, et donc d’amoindrir les risques.

À quels risques faites-vous référence ? 

Au Sénégal, il n’y a pas d’autorité de régulation communément acceptée par toutes les communautés. C’est le paradoxe que rencontrent les États laïques lorsque la gestion du religieux devient un enjeu sécuritaire. C’est une grande difficulté pour ces États, d’autant que dans des moments de crise, une part importante de la population se reconnaît surtout dans l’argumentaire religieux.

Dans le cas du coronavirus, le politique a complètement esquivé le débat en l’abandonnant aux théologiens qui, à mon sens, ne sont pas à jour sur certaines approches et interprétations quant à l’évolution du discours religieux au plan international.

Je parlerais plutôt d’une spécificité subsaharienne. Le musulman africain a tendance à sacraliser tous les écrits en arabe, qui font pourtant ailleurs l’objet d’interprétations et d’évolutions. Le Mali et le Niger ont fait comme le Sénégal : ils ont fermé les bars et d’autres lieux publics mais ont mis en négociation la fermeture des lieux de culte. Ce débat dévoile clairement les faiblesses des pouvoirs centraux face à la pression du religieux.

La fermeture des mosquées n’a pas provoqué de débat dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient touchés par l’épidémie. Au Maroc, le roi est le commandeur des croyants, sa parole n’a donc pas été contestée. En Tunisie, l’autorité de l’État n’a pas été discutable non plus.

À Dakar, l’arrestation d’un imam ayant bravé la fermeture des mosquées a déclenché un mouvement de protestation dans la communauté layène. Faut-il en déduire qu’une partie de la population s’attachera davantage aux ndiguëls (consignes) de son chef religieux qu’à l’autorité administrative ?

Cela dit en effet quelque chose de la dispersion des pôles de légitimité au Sénégal, et révèle une forme de suspicion constante des masses religieuses vis-à-vis de l’État, considéré comme une continuité de l’État colonial.

Le Sénégal a cette caractéristique de vouloir conserver un consensus mou, parfois décrit comme une illustration du contrat social sénégalais entre politique et religieux.

Comment expliquer le décalage entre les mesures prises par chaque confrérie ? Entre les tidjanes, par exemple, qui ont rapidement appelé les fidèles à rester chez eux, et les mourides, qui ont pris plus de temps pour cela ?

Il semble en effet que les tidjanes aient pris les devants pour empêcher les grands rassemblements, avant même que le débat soit soulevé. À l’instar de la Hadratoul Djuma (l’oraison du vendredi), qui est pourtant un des trois piliers de la confrérie. Cette décision rappelle celle de Cheikh El Hadj Malick Sy [le principal propagateur de la confrérie, ndlr] qui, au plus fort de l’épidémie de peste à Dakar, vers 1914, avait pris des mesures d’hygiène quasi similaires.

Si les mourides y sont venus un peu plus tard, il ne faut pas non plus perdre de vue le geste de leur khalife général, qui a dégagé une enveloppe de 200 millions de francs CFA. C’est un état de fait : il y a une forme d’extraterritorialité attachée au statut de Touba [la ville sainte des mourides, ndlr]. Si on considère certaines élections locales, par exemple, la parité intégrale était appliquée à toutes les listes sauf à Touba, où le Conseil constitutionnel a entériné la décision du khalife, considéré comme l’autorité sur place.

Mais dans le cadre du coronavirus, le porte-parole du khalife général des mourides a très vite dit deux choses importantes. D’abord, qu’il fallait se conformer aux instructions sanitaires de l’État. Ensuite, il a appelé les talibés à rester à l’écoute de l’autorité centrale, ce qui, selon moi, ouvrait une voie au politique.

Si les fidèles ont été appelés à prier chez eux, certaines traditions semblent difficilement compatibles avec l’état d’urgence dans lequel se trouve le Sénégal : isolement, limitation des déplacements, fermetures des écoles…  On pense notamment aux daaras, les écoles coraniques, où vivent toujours des milliers d’enfants, dont bon nombre sont contraints de sortir mendier…

Le cas des daaras risque de mettre à nu les inconséquences de la politique éducative d’un pays où coexistent deux systèmes parallèles. Et ce, malgré les efforts de l’État pour institutionnaliser et moderniser l’enseignement coranique. Sur cette question, le khalife des Tidjanes, Serigne Babacar Sy Mansour, a décidé assez tôt de confiner la daara de Cheikh El hadj Malick Sy et de subvenir aux besoins des talibés pendant la crise sanitaire.

Comme dans tant d’autres domaines de la vie des Sénégalais, on verra émerger, çà et là, des gestions au cas par cas, faute d’anticipation, d’organisation et, surtout, de systématisation de l’autorité centrale de l’État.

 

Source :Jeune Afrique 

L'enlèvement du chef de l'opposition malienne, Soumaïla Cissé et de sa délégation vient de remettre à l'ordre du jour la manière dont les groupes terroristes saisissent l'opportunité des crises pour se repositionner su l'échiquier politique.

Dans le cadre d’une série d’entretiens exclusifs sur l’impact des crises notamment sanitaires due au Coronavirus sur la stabilité et l’évolution de la situation sécuritaire au Sahel, Dr. Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute basé à (Niamey -Dakar), revient dans cette première partie sur les derniers développements au Mali et au Sahel en général.

Dr. Sambe estime qu’en ce temps d’une crise sanitaire qui « absorbe le gros des efforts de la communauté internationale, la stratégie d’Iyad et des autres groupes terroristes aura tout le temps de s’appuyer, en plus des alliances, sur l’instrumentalisation du sentiment anti-français grandissant au Mali afin de saper davantage les fondements de l’Etat et d’affaiblir le leadership politique en proie à ses divisions ».

Pour lui, « Cette situation qui sera fortement aggravée par l’incidence d’éventuelles mesures d’hygiène restrictives sur les rassemblements et lieux de culte serait très favorable à la montée en puissance de leaders religieux comme l’Imam Mahmoud Dicko, farouche défenseur de la négociation avec Bamako auquel il fait miroiter une hypothétique trêve ».

De plus, la publication d’un communiqué du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) début mars suivi d’une vidéo mise en ligne entre le 16 et le 17 du même mois, participerait, selon Sambe, d’un « positionnement stratégique de plus qui cherche avant tout à mettre encore plus à mal l’Etat malien avec son principal allié, la France, mais aussi la communauté internationale de manière générale ». La même vidéo a servi, au passage « à revendiquer implicitement les récentes attaques contre l’armée malienne à Sokolo de même que celle de Dioungani, localité située à une cinquantaine de kilomètres de Koro en région de Mopti», souligne Bakary Sambe.

Dans cette vidéo élaborée avec les techniques de communication politique les plus sophistiquées, commente Sambe, « on aperçoit le chef de guerre Abu Mus’ab Abdul Wadoud plus connu sous le nom d’Abdel Malik Droukdel confiné en Algérie depuis 2012 mais opérant par un commandement à distance mais toujours très suivi par les différentes katibas », rappelle-t-il.

« En posant comme préalables à l’avancée des négociations voulues par Bamako, le départ de la force française Barkhane ainsi que de la MINUSMA, Iyad Ag Aly veut rassurer toutes composantes de la nébuleuse GSIM composée d’AQMI, d’Ansardine, de la Katiba Macina et d’Ansarul Islam opérant au Burkina Faso, sur l’orthodoxie de la ligne idéologique classique qui impose avant tout « de chasse les infidèles de la terre de l’Islam» analyse Bakary Sambe.         

Pour ce spécialiste des réseaux transnationaux et des risques d’instabilité au Sahel, « la présente période est surtout saisie comme une opportunité au sein des nébuleuses terroristes pour le renforcement des positionnements et la redistribution des cartes ».

Bakary Sambe pense qu’après avoir été positionné comme « l’interlocuteur incontournable » au Mali, « Iyad Ag Aly profite bien de cette période propice à la récupération des frustrations pour harcèlement de la classe politique malienne, fortement divisée au sujet de la négociation, en jouant sur la fibre et le sentiment anti-français, pour s’aménager des espaces plus confortables et une réelle marge de manœuvre et se présenter comme le véritable allié des populations »

De même, dans son analyse de la communication d’Al-Qaida, le directeur du Timbuktu Institute estime que « la mobilisation, à titre posthume d’un vieux discours du Cheikh du groupe des combattants libyens, Atiyyatoullah Al-Lîbî (tué en même temps qu’Abul Hammam en mars 2019), fait partie d’une stratégie de rappel de la nécessité d’un recentrage sur les fondamentaux comme l’amélioration de la culture religieuse »…. le temps que la crise passe pour lancer de nouvelles grandes offensives.

Lenlèvement de Soumaïla Cissé est un" signal de la part des groupes armés pour justement dire au leadership politique qu'ils font bien partie du jeu. A la veille d'une élection qu'on essaie de tenir malgré la crise, il fallait bien qu'ils montrent qu'ils sont là et qu'ils gardent leurs capacités de nuire", conclu Bakary Sambe

Réalisé par Babacar Cissé

(Agence Ecofin) - Timbuktu Institute, qui vient de rappeler temporairement ses équipes de terrain menant des enquêtes dans les zones frontalières, et d’instaurer le télétravail pour ses différents bureaux, s’inquiète « profondément » de l’évolution de la pandémie de COVID-19 et tire la sonnette d’alarme sur les conséquences du Coronavirus en termes d’instabilité pour l'Afrique et le Sahel, notamment. Son directeur s’est livré à Niamey et les 2 Jours dans cet entretien abordant les risques d’instabilité, les conséquences sur la résilience, mais aussi un appel à la communauté internationale et principalement l’Union européenne à ne pas « répéter les erreurs du passé », malgré « la grande préoccupation pour les urgences ».

Pour Bakary Sambe, Directeur de cet Institut qui effectue des études prospectives sur la paix et la stabilité en Afrique, « en plus de s’attendre au pire comme le suggère déjà à juste raison le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, on devrait, aussi, prendre en compte dans l’approche qu’adopteront les scientifiques et les experts en santé publique deux dimensions qui sont des facteurs-clés de la fragilité au Sahel, à savoir les volets politique et social ».

Pour dire qu’il ne faudrait pas négliger les conséquences socioéconomiques qui vont « accentuer les risques réels d’instabilité dans la région sahélienne pendant et après cette épidémie ». Pour lui, « c’est bien en amont et dès maintenant qu’il faudra agir et réfléchir à des approches durables malgré la panique mondiale qu’a occasionnée cette pandémie ».

Sur la dimension sociale de la fragilité des systèmes politiques et économiques au Sahel, « les inquiétudes pointent déjà à l’horizon proche avec le bouleversement des modes de vie que l’épidémie de Coronavirus va provoquer pour des millions de Sahéliens vivant au jour le jour avec toujours l’incertitude du lendemain », avertit Dr Bakary Sambe.  

« Sans misérabilisme aucun, on n’ose même pas imaginer les dégâts collatéraux d’un impossible confinement d’une semaine pour des populations des pays du Sahel, habituées à vivre avec des économies à forte dominante informelleEn Europe, on se préoccupe des stocks et des provisions, ici c’est déjà, depuis des décennies, la gestion quotidienne des pénuries », s’alarme-t-il.

Bakary Sambe appelle la communauté internationale et surtout l’Europe voisine à « ne pas répéter les erreurs du passé, car, malgré les urgences sanitaires, il ne faudrait jamais perdre de vue la nécessité de mettre l’accent sur l’approche multidimensionnelle se rappelant qu’à l’issue de cette crise et quelle qu’en sera la durée, l’Europe ne pourra échapper aux effets des vulnérabilités de cette région qui lui est naturellement proche, rien que pour les questions relatives à la migration et au contre-terrorisme ».

« Les barricades d’aujourd’hui qu’imposent les épidémiologistesde même que les digues sanitaires vont tôt ou tard céder par la force des impératifs de la nécessaire coopération pour la sécurité collective et les vulnérabilités en partage referont jour avec encore plus d’acuité », prévient le Directeur de Timbuktu Institute.

Pour lui « Au moment où l’Union européenne, principal partenaire extérieur des pays du Sahel, se dit prête à agir pour s’éviter elle-même l’instabilité économique, il est d’autant plus nécessaire de prendre conscience de l’ampleur du désastre qui se profile dans la région sahélienne surtout que, même sans épidémie, les actions humanitaires qui y sont déjà mises en œuvre au niveau communautaire sont peu appuyées à travers d’autres actions exécutées par d’autres acteurs à d’autres échelons… »

Propos recueillis par Babacar Cissé

Une crise est une occasion de se remettre en cause et de remettre de l’ordre dans les choses.

C’est ce que nous ont appris nos maîtres dans le soufisme en s’appuyant sur la religion, sur leur observation de la dynamique de la vie en société et dans la nature.

Dans la tendance actuelle des choses avec la propagation fulgurante du nouveau corona virus le Covid 19, le Sénégal a eu jusqu’ici une approche positive et efficace. Nous prions pour que cela se poursuive et se consolide surtout avec l’apparition de nouveaux cas qui font de notre pays, au regard des informations que nous détenons, le pays africain au sud du Sahara le plus touché. Cette fois-ci nous ne pouvons pas dire que ça ne nous arrivera pas. Ça nous est bien arrivé et c’est à nous de faire face avec sérénité et responsabilité, sans psychose ni négligence.

Les autorités de l’Etat au plus haut niveau en ont pris la juste mesure. Ils ont adopté les bonnes dispositions et délivré les messages qu’il fallait aux autorités de la société dont les guides religieux, les chefs coutumiers, les leaders d’opinion de tous secteurs, afin que nul n’en ignore. Afin que chacun et chacune, au niveau qui est sien, puisse prendre la pleine mesure de ses responsabilités.

Pour que la chaîne de solidarité soit solide et que les risques soient réduits et maîtrisés, toutes les sphères et en particulier les cercles religieux musulmans et chrétiens sont comptables. Dans ces conditions me reviennent les mots de Serigne Abdoul Aziz Sy al-Amine qui indiquait que « le Sénégal est au-dessus de nous tous. C’est une vérité au relent des préceptes apostoliques. Il s’agit de la Patrie, ici et maintenant, de ses fils et filles, de ses générations jeunes et moins jeunes. C’est de la préservation de la santé publique et de la vie que Dieu a rendue sacrée [an-nafs allatî harrama Allah], qu’il s’agit.

Et c‘est sérieux!

Dans le but de contribuer à contenir les risques de contamination et de propagation, nous devons nous rééduquer dans nos pratiques sociales et dans l’expression de notre religiosité et de notre sociabilité. Il est vrai que c’est Dieu Qui est Le Maître de la vie et de la mort, mais c’est Lui qui a interdit de s’exposer sciemment à la mort. Et comme pour établir le cadre pratique, le Prophète Psl a indiqué la conduite à tenir dans les conditions d’épidémie ou de menace de ce genre.

Nos guides religieux en ont relayé le sens et ont traduit tout cela dans leurs enseignements théoriques et pratiques. Serigne Babacar Sy considère le fait de ne pas user des moyens idoines pour obtenir les résultats désirés, est un manque de respect et de déférence à l’égard de Dieu. Par conséquent, il faut s’engager dans la voie qui mène aux objectifs en sachant que ce ne sont pas les actes qui sont les seuls facteurs déterminants. « Sabablu leen te buleen sukkandi Koo yëngu ya ». Il y a là une forte dose d’équilibre entre la responsabilité humaine et la détermination divine. Ce qui est aussi corroboré par les enseignements de Cheikh al-Khadîm quand il invoquait Dieu à nous préserver des épidémies et à nous doter d’une nourriture saine et d’une eau pure : « wanfil-wabâ wal-balâyâ kullahâ ‘anhâ/ wa Tayyib shurbahâ wa aklahâ ».
Dans ce contexte où, de l’Amérique à l’Europe, de l’Asie à l’Afrique, les États se barricadent, les lieux de rassemblement pour le savoir comme pour l’avoir se cloisonnent, devons-nous attendre qu’il y ait des ravages chez nous pour commencer à nous accuser les uns les autres de négligence, d’insouciance ou de je ne sais quoi encore? Non, à mon humble avis et compte tenu des leçons de l’histoire il nous faut agir en combinant la raison (xel) et l’émotion (xol).
En son temps, conscient de sa responsabilité en qualité d’autorité religieuse et du fait que la parole des experts est l’expression du divin dans ces cas, El H. Malick Sy s’était lui-même rendu au service d’hygiène de « Get Ndar » pour se faire vacciner. Ce geste simple et lourd de signification a pu sauver des milliers de personnes de la peste, avec l’aide de Dieu.

Cette exemplarité est encore sollicitée aujourd’hui car si la vaccination a été la mesure préventive entre autres, de nos jours, avec l’absence de vaccin, seules les bonnes pratiques peuvent sauver. Les experts médicaux les ont déclinées, le Chef de l’Etat les a rappelées dans le dit et le geste. Il reste aux leaders d’opinion d’être les relais et aux acteurs religieux de transmettre le message dans le discours et la pratique comme ils en ont eu l’habitude.

Au demeurant, les autorités religieuses et politiques de l’Arabie Saoudite ont pris ce chemin en adoptant des mesures restrictives par rapport à la Umrah alors qu’il n’y avait encore aucun cas sur leur territoire. Aujourd’hui, en demandant de surseoir à toute transaction relative au hajj de cette année, ils ont fait montre d’un sens aigu de responsabilité devant une si grave menace.
Ces mesures fortes de l’Arabie Saoudite sont à la dimension du défi du Covid 19 sur la vie des fidèles et la stabilité de la société. Car quelle que soit la sacralité d’un rituel sur l’échelle des piliers de l’islam, la survie de l’humain est encore plus sacrée. Cheikh El. H. Omar Fûti le confirme dans Tadhkirat al-Ghâfilîn quand il dit qu’auprès d’Allah, le caractère sacré de la vie du croyant est au-dessus de celui de la Ka’ba: « Fa hurmatul Mu’min a’lâ wa ajall / min hurmatil ka’bati ‘andal-Lâhi Jalla ». S’il en ainsi pour la Ka’ba vers laquelle affluent des millions de croyants répondant à l’appel d’Allah, qu’en serait-il de toute autre activité établie, au nom de la religion, par un serviteur?

Abdoul Azize KEBE
Délégué général au Pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam.
 

 

Asfiyahi.Org
Vendredi 13 Mars 2020
According to Yague Samb, in charge of conflict resolution and political dialogue at the Timbuktu Institute- African Center for Peace Studies, “Privatization to maintain security and order in certain regions of Burkina Faso is risky in terms of inter-community conflicts.” Yague Samb, a specialist of the Sahel region explains 
 
“The recent killings committed in the Djibo region are a sign that the security measures entrusted to self-defense groups can be counterproductive and effect already existing relationships between communities who for a long time have lived together peacefully. As a reminder, this Sunday, 8 March 2020, attacks were perpetrated against the Fulani villages of Dinguila, Barga, and Ramdola in the north of the country by the Koglweoago, according to radio Oméga. However, a press release by the president of Burkina Faso still carefully refers to the attackers as “unidentified armed individuals.” 
 
According to Yague Samb, “Beyond a very symbolic national mourning decreed by the authorities of Burkina Faso, other urgent measures are necessary to ease the inter-community tensions in order to avoid at all costs a scenario similar to that of Central Mali—with massive killings such as in Ogossagou.” 
 
“The terrible events of Yirgu Fulbé should have been a wake-up call and the authorities must review the strategy of entrusting entire sections of security to militias and other vigilante groups despite the security pressure and the outbreak in attacks,” said Yague Samb. 

"By investing in the prevention of violent extremism in the Sahel, the Americans have so far opted for upstream action against terrorism by focusing on community awareness rather than military action," said Dr. Bakary Sambe, director of the Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, based in Dakar and Niamey.


For him, "the choice of Dr. J. Peter Pham, who previously served in the Great Lakes region, illustrates a consideration of the preventive dimension and a strategy based on knowledge of the field, especially since this new Special Envoy will be responsible for coordinating U.S. engagement with international and regional partners, including the G5 Sahel and ECOWAS member states.

With a capacity-building program for Sahelian and West African states entitled Partnership for Peace Projects (P4P), "the United States had already supported the G5 Sahelian states in the development of a regional guide that was used to develop national strategies to prevent violent extremism," Dr. Bakary Sambe said. "Moreover, Niger has launched the development of its national strategy entrusted to the National Center for Strategic and Security Studies since November 2018, within the framework of this project funded by USAID", recalling that the "HACP will be an essential link in the implementation".

On the missions of this senior State Department official, the director of the Timbuktu Institute understands that he will be "heavily invested in addressing the threat of violent extremist organizations and preventing the threat from affecting other regions, as well as supporting the implementation of the Algiers Agreement and regional efforts to stabilize the tri-border region of Mali, Burkina Faso and Niger".

"Having been Vice-President of ASMEA, an Association of American Scholars for the Study of the Middle East and Africa, with which I have been working since 2008 while participating in the IVLP Program of the State Department, Dr. J. Peter Pham is first and foremost an expert recognized for his good knowledge of Sahelian issues, especially in terms of interactions between Africa and the Arab world," recalls Dr. Sambe.

(Niamey et les 2 jours) - A l'issue d'une manifestation qui a mobilisé une foule immense dans les rues de Bamako et au Palais de la Culture Amadou Hampathé Bah, le samedi 29 février, "l'Imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut-Conseil islamique du Mali a voulu prouver qu'il était incontournable dans le jeu politique malien" souligne Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute. Pour ce dernier, "en mobilisant plus que que tout autre homme politique, cette personnalité parfois controversée, qui avait aussi participé au triomphe d'IBK, veut désormais ajouter à sa légitimité religieuse celle politique, à un moment de discrédit du leadership actuel".

"C'est une opération de récupération des frustrations et des contestations avec un nouveau discours, dépouillé de références religieuses afin de s'inscrire dans une forme de normalité politique loin de l'étiquette islamiste qui pourrait lui desservir".

Au moment où le Mali traverse une crise sécuritaire sur fond de contestations politiques, les autorités ont lancé un processus de dialogue « national inclusif » qui n'exclut même pas les deux principaux groupes terroristes dirigés pas Iyad Ag Aly et Amadoun Khouffa. Mais, cet "appel à l'insurrection" donnant un ultimatum au gouvernement est un nouveau jalon posé par Imam Mahmoud Dicko défiant aussi bien les autorités politiques, mais aussi les partenaires internationaux du Mali.

"Les termes utilisés par Dicko parlent d'eux mêmes. Lorsqu'il dit vouloir mettre fin à la "corruption" et à la "soumission", il adresse un message clair au pouvoir de Bamako et à la communauté internationale sur son intention de devenir le maître du jeu politique", analyse Bakary Sambe, qui rappelle que "toutefois, Dicko n'appelle pas à la cessation des attaques mais à une trêve, ce qui lui permet de maintenir la pression sur Bamako et de s'imposer comme le médiateur par excellence".

Selon le directeur de Timbuktu Institute, "ce discours est le prototype même de celui d'un acteur religieux surfant sur l'échec du politique pour s'imposer en porte-voix de populations en quête de repères, face au désaveu et au discrédit du leadership actuel. Mais le fait d'appeler les chefs terroristes à la trêve, notamment Iyad et Khouffa qu'il qualifie de "frère", illustre bien son poids et son influence dans ces milieux."

En termes de positionnement politique, le timing est bien choisi par cet "imam tribun" qui avait fait reculer ATT pour la promulgation du Code de la famille en 2009  et qui, avec le mouvement Sebati 2012, avait largement contribué à l'arrivée au pouvoir d'IBK. "Reste à savoir, quelle sera, d'ici vendredi, la réponse du palais de Koulouba face à cet imam aux grandes capacités de mobilisation, sachant profiter des moments toujours propices à la contestation du pouvoir », conclut Bakary Sambe.

With a strong participation of Timbuktu Institute associate researchers’, Dr. Bakary Sambe was the facilitator of this important workshop held in Ndjamena during October. In addition to Professor Saidou Issa who recently joined the Timbuktu Institute as Senior International Fellow, Herman Femeugne, representing the Institute in the far north of Cameroon, and Ms. Khalia Annadif, who coordinates the Institute's activities in Chad, particularly in the Lake region, also participated.

 

The Multinational Joint Taskforce (MNJTF) and the Lake Chad Basin Commission (LCBC) in collaboration with the United Nations Development Programme (UNDP) organised an inception workshop to articulate an inclusive regional communication strategy to prevent violent extremism in the Lake Chad Basin. This laudable and proactive initiative was in recognition of the need to reinforce information and communication line of operation to counter (prevent) and replace the extremist ideology propagated by the Boko Haram and armed groups with a Constructive Alternative Narrative capable of discouraging extremism, restoring trust, confidence and a secured future.